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Pourquoi finalement n’avons-nous pas envie de passer pour quelqu’un d’ennuyeux ?

Si l’ennui nous fait prendre conscience du temps qui passe en nous donnant justement l’impression qu’il ne s’écoule pas et s’il détourne pour un temps l’attention de l’organisme de son environnement, prendre le risque d’ennuyer l’autre serait prendre le risque qu’il se détourne de moi.

Dès lors, dire des choses intelligentes ou intéressantes, permettrait de maintenir l’attention, et reviendrait à nous confirmer que nous existons (« S’apparaître à l’occasion d’un autre » J-M Robin).

Au contraire si je ne vous intéresse pas parce que ce que je dis n’a pas d’intérêt à vos yeux, n’a pas de sens, et si l’ennui grandissant, votre attention partait ailleurs, ce détournement même, viendrait me confirmer que finalement, oui, nous sommes seuls… c’est le néant, le vide… la mort !

Comme si ce Savoir était la condition même de notre existence. Comme si ce Savoir valait plus que notre Etre. L’introjection « N’ennuie pas la dame » prend ici tout son sens : « toi petit ignorant, tu n’as rien à dire d’intéressant à la dame, tu ne sais rien, tu n’es rien, tais-toi ». Comme si ne pas savoir revenait à ne pas être.

Ce Savoir si précieux, constituerait dès lors un langage commun, la condition même de l’aller vers, la seule manière de contacter… Grâce à lui nous entretenons l’illusion que nous nous comprenons, que nous percevons le monde de la même façon, que nous ne sommes pas seul. Sans lui nous sommes inévitablement renvoyés à nos angoisses existentielles les plus profondes. Le Savoir et le contenu ont cela de rassurant qu’ils nous donnent l’illusion de nous remplir, de combler le vide, de cacher l’être insignifiant, si humain, que nous sommes.

Et puis dérailler. Un petit déraillement. Tout petit. Des mots, des idées naissent des idées. La rayure. Sans griffe. Juste une petite rayure. Même pas une vision claire. Juste une petite rayure. Une autre chanson. Un autre air. Une autre écoute. Un autre chemin qui se profile. Même pas un « comment ». Même pas une ébauche. Juste une sensation. Une conviction qui sourit au fond de l’estomac. Un sourire sur une larme d’enfant. Un pied de nez. Une irrévérence qui fait des violences interdites un outil de renaissance. Et si l’évidence était dans le détournement ? Une violente énergie détournée au profit du vivant. Du vivant soleil. Du vivant qui va de soi. Plus loin que quelques lignes écrites par le chemin de la vie, de la vie de nos pères, de nos grand-pères. Je peux oser. Oser être vivant. Et laisser les morts et les vivants à leur mort. La mort qu’ils se sont choisies, qu’ils se sont imposées, dont ils n’ont pas pris conscience, qu’ils n’ont pas questionnée, qu’ils ont subie…

Hellocoton